I – DÉFINITION 

La dyspnée est une sensation subjective et consciente d’inconfort et de gêne respiratoire. Normalement, la respiration est inconsciente. La fréquence est de 14 à 16 mouvements par minute chez l’adulte et de 20 à 25 chez l’enfant. L’inspiration est active, l’expiration est passive et plus longue. La dyspnée (sensation subjective ressentie par l’individu) s’accompagne de modifications objectives portant sur la fréquence, le rythme respiratoire ou sur le rapport des temps inspiratoire et expiratoire.

II – ANALYSE SEMEIOLOGIQUE

Les caractères de la dyspnée sont précisés par l’interrogatoire et l’inspection.

A) L’INTERROGATOIRE DOIT PRÉCISER :

1 – les circonstances de survenue : Repos, effort, traumatisme, infection, influence météorologique…
2 – Le mode d’apparition qui permet de distinguer :

  • La dyspnée aiguë pouvant poser un problème d’urgence . Cette dyspnée aiguë peut être paroxystique, survenant par accès ou crises. 
  • La dyspnée chronique, permanente avec ou sans paroxysme. 

3 – Le degré ou stade de la dyspnée. On distingue 5 stades (Sadoul):

  – Stade I :  apparaissant après montée de deux étages d’escalier ou après marche rapide en côte.
  – Stade II :  apparaissant après montée d’un étage ou marche lente en côte.
  – Stade III :  apparaissant après marche rapide en terrain plat.
  – Stade IV :  apparaissant après marche lente en terrain plat.
  – Stade V :  apparaissant aux gestes de la vie courante (en s’habillant, en se rasant) et  au repos.

B) INSPECTION

Il faut regarder le malade respirer, thorax et abdomen nus, et apprécier :
1 – Le rythme respiratoire (rapide ou accéléré) et la fréquence (nombre de mouvements respiratoires par minute), qui se mesure en posant une main sur le thorax et en comptant le nombre de mouvements respiratoires tout en regardant sa montre.
2 – La régularité de la respiration
3 – Le temps inspiratoire ou expiratoire sur lequel porte la dyspnée.(Ex : TEF, temps expiratoire forcé > 6 secondes à l’auscultation en cas de syndrome obstructif).
4 – Le type respiratoire : thoracique, abdominal ou thoraco-abdominal.
5 – Le caractère plus ou moins bruyant de la respiration : cornage de la dyspnée laryngée, sifflement de l’asthme.
6 – L’intensité de la dyspnée qui se juge d’après :

  • La difficulté respiratoire qui peut être très importante et se manifeste par un tirage. 
  • La cyanose.

III) TYPES DE DYSPNÉE 

A) Selon la fréquence

– Tachypnée (ou « polypnée ») : rythme accéléré et fréquence augmentée.
– Bradypnée : rythme ralenti et fréquence diminuée.

B) Selon le temps respiratoire

Dyspnée inspiratoire : obstacle des voies aériennes hautes, trachée ou larynx.
Dyspnée expiratoire : obstruction des bronches moyennes ou des bronchioles. L’exemple type est la bradypnée expiratoire (prolongation du temps expiratoire) de l’asthme.

C) Selon les circonstances de survenue

– Dyspnée au repos.
– Dyspnée d’effort. Elle apparaît après un certain effort qu’il faut chiffrer.
– Orthopnée ou dyspnée de décubitus. La respiration est plus facile en position verticale, la dyspnée apparaît (ou est exagérée) au décubitus. Elle est généralement en rapport avec une insuffisance cardiaque gauche ou globale.
– Traumatopnée. C’est une dyspnée apparaissant à la suite d’un traumatisme thoracique ouvert avec plaie soufflante.
– Dyspnées siné matéria (sans atteinte organique cardio-respiratoire). Elles ne sont pas à proprement parler des dyspnées car elles ne s’accompagnent pas d’une sensation de gêne respiratoire. On distingue :

  • La dyspnée de Kussmaull. C’est une respiration lente à quatre temps égaux, inspiration – pause – expiration – pause. Se voit dans les acidoses métaboliques (diabétiques ou rénales). 
  • La dyspnée de Cheyne-Stokes caractérisée par une période de ventilation croissante, suivie d’une période décroissante et d’une pause respiratoire. Elle peut s’observer dans l’insuffisance cardiaque ou rénale, chez l’obèse et au cours d’affections vasculaires cérébrales. 
  • Les apnées du sommeil. Elles sont à l’origine d’une respiration caractérisée par la séquence d’une pause, d’une inspiration lente et profonde suivie de mouvements respiratoires courts et rapides jusqu’à l’apnée suivante. Elles se voient dans le syndrome d’apnées du sommeil (SAS).

IV) CAUSES RESPIRATOIRES DES DYSPNÉES 

On distingue les causes des dyspnées aiguës et celles des dyspnées permanentes.

A) DYSPNÉES AIGUËS

Elles peuvent être dues à un obstacle des voies aériennes, à une affection du parenchyme pulmonaire, à une affection pleurale ou à une affection de la paroi thoracique.
1 – Obstacle des voies aériennes
– Les laryngites. Elles donnent une dyspnée laryngée qui est une bradypnée inspiratoire avec tirage sus sternal, cornage (inspiration bruyante), battement des ailes du nez et cyanose.
– Corps étranger des voies aériennes.
– Les tumeurs trachéo-bronchiques. La dyspnée s’accompagne parfois d’un sifflement entendu à distance.
– Les compressions extrinsèques trachéo-bronchiques, par une tumeur médiastinale par exemple.
2 – L’asthme. Sa dyspnée typique est une bradypnée expiratoire et sifflante dues à une obstruction bronchiolaire.
3 – Affections du parenchyme pulmonaire :
– Les pneumonies étendues. Elles donnent une tachypnée superficielle.
– Les bronchopneumonies. La dyspnée y est plus intense que dans les pneumonies.
– L’œdème aigu du poumon. Il donne une tachypnée superficielle avec cyanose et expectoration mousseuse et rosée.
4 – Affections pleurales : pleurésies abondantes et pneumothorax.
5 – Affections de la paroi thoracique : traumatismes thoraciques.

B) DYSPNÉES PERMANENTES

Se voient dans les affections respiratoires chroniques. Les principales causes sont :
1 – Les broncho-pneumopathies chroniques dyspnéisantes comme l’emphysème pulmonaire, la bronchite chronique, l’asthme à dyspnée continue, les dilatations des bronches étendues, les séquelles étendues de tuberculose, les fibroses pulmonaires interstitielles diffuses, …
2 – Les affections pleurales chroniques comme les pachypleurites et les calcifications pleurales étendues.
3 – Les affections pariétales comme les déformations thoraciques et les séquelles de traumatismes thoraciques graves.

V)- CAUSES NON RESPIRATOIRES :

Causes hématologiques, cardiaques, neurologiques, hyperventillation de l’anxiété.